Sounet a l’almanach patoues

 

Dins un bosc desertat, sans cansous et sans amo,

Un joun un aousel ben, bastis un nis, y poun.

Les pitchous espeillits, la tristesso se foun,

Et le bosc tressaillis de cants blus dins la ramo.

 

Le patouès, el tabès, éro coum’ uno lamo

Roubillado, coum’un sac cendrés sans noun.

Ero’n bosc sans aousels per fioula tout le joun

Pascap de musicien per y mounta la gamo.

 

Un matis, debès Fouich, un libré nous arribo,

Escrit dins le parla que s’entend su la ribo;

Et toutis escoutan aquelo douço bouès.

 

Uno tendro cansou bob dins las campagnos,

Nostro sounoro leng’ engrano sas iragnos,

Et nostre cor palpit’ es I’almana patoués!

 

J.D

“On s’étonne parfois de mon goût pour le patois, un peu vif, mais que voulez-vous, le patois est la langue de maman, ma langue maternelle. Je l’aime. Je devrais dire: l’occitan, je sais , qui est le terme correct et le plus stratégique. Mais occitan c’est savantasse, ça fait intelligentsia. Moi il m’écorche les lèvres, et me fait mal au coeur. Maman parlait patois. Jusqu’à cinq ans, je n’ai parlé que le patois. Le français m’est une langue étrangère. Outre que le patois a son génie I propre, il est souvent plus bref, et plus cru, il engrosse un peu les choses,les substantifie: las poupos , volumineuses, laiteuses, c’est bien autre chose que les seins. C’est le patois, ce patois si peu apte à la psychologie, à la pensée, qui a donné à mon style ce caractère concret, sensationnel. Le patois est ma langue ~, immémoriale, j’ai souvent chanté sa verdeur et ses pouvoirs. Cette langue, je l’ai entendue pour la première fois de mes oreilles inouïes, dans cette langue j’ai gazouillé les prémices de ma chanson et fondu mon premier embryon de pensée.”

 

Joseph Delteil (La Deltheillerie)

Extraits choisis par Jean-Paul Court, dans "Raconte-nous"!Joseph Delteil, brochure à compte d'auteur.

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